“L’histoire est vraie et écrite en collaboration entre le Dr. Rahim Faïq Dekhissi et la journaliste Nasira Benioual.”
Un hommage à la mémoire
Deuxième partie
Demain une prière muette au destin
Alors que la soirée touchait doucement à sa fin, je proposai à Naïm et Laila de rester dîner et de passer la nuit chez nous ici à notre maison , espérant prolonger cet instant précieux. Mais Naïm, avec sa douceur habituelle et son sens aigu des responsabilités, déclina calmement : « Papa, maman nous attend à une quarantaine de kilomètres. »
Un poids lourd s’abattit sur ma poitrine. « Restez… dormez ici ce soir », insistai-je, presque suppliant. Mon regard croisa celui de Naïm, qui répondit avec une tendresse empreinte d’amour : « Papa, demain, nous nous verrons. Je te le promets… »
Ces mots simples, pourtant sincères, ne parvinrent pas à apaiser l’angoisse sourde qui m’envahissait. Je pris Naïm dans mes bras avec force, comme pour retenir le moment, comme si je pouvais emprisonner cet instant qui m’échappait déjà. Mes mains tremblaient, mon étreinte refusait de céder. Je me débattais contre le temps, cet ennemi silencieux et cruel qui emporte tout sur son passage. Et le destin, cet inconnu insaisissable, semblait planer au-dessus de nous avec une urgence inexplicable, une ombre prête à frapper sans prévenir.
« À demain, papa », murmura-t-il, son sourire apaisant illuminant son visage. Ce sourire, pourtant rassurant, laissa en moi un vide immense, une absence inexpliquée.
Laila, silencieuse et rêveuse, suivit son frère, confiante en ses choix. Dominique et moi les accompagnâmes jusqu’à leur voiture, chaque pas alourdi par une gravité mystérieuse et oppressante.
Alors qu’ils démarraient, je restai là, immobile, mes yeux rivés sur leur silhouette qui s’éloignait, cherchant à graver chaque détail dans ma mémoire. Lorsque la voiture disparut dans la nuit, je continuai à fixer l’obscurité, comme si je pouvais encore percevoir la lueur de leurs feux arrière. Une douleur sourde, presque physique, alourdissait mes pieds, m’empêchant de bouger.
Une larme solitaire, discrète, glissa sur ma joue. Dominique posa une main réconfortante sur mon épaule et murmura : « Rentrons. » Mais je restai figé, incapable de détourner les yeux de ce vide devant moi.
Naïm m’avait promis un « demain ». Mais pourquoi ce mot semblait-il si fragile, presque illusoire ? Dans le silence pesant de la nuit, je ressentais qu’une page invisible s’était tournée. Pourtant, je refusais d’y croire, m’accrochant désespérément à ses derniers mots et à son sourire : « Demain. » Une prière muette, adressée à un destin que je ne pouvais ni comprendre ni contrôler……
À suivre