Nasira Benioual _Presse Ardbladi
La Journée internationale des femmes n’est pas seulement une occasion de célébrer les victoires du passé, mais aussi un moment pour repenser la signification de la force et du succès dans un monde encore tiraillé entre progrès et résistances. C’est un appel à déconstruire les stéréotypes qui ont longtemps enfermé les femmes dans des rôles figés et à mettre en lumière leur véritable rôle en tant qu’actrices du changement, et non comme de simples compléments à l’image sociale.
Aujourd’hui, les femmes avancent sur des chemins parallèles de résistance et de créativité, mais elles font face à un ensemble complexe de défis. On attend d’elles qu’elles soient exceptionnelles en tout : mères parfaites, employées dévouées, amies loyales, leaders inspirantes… tout en luttant constamment pour affirmer leur droit à exister sans contraintes. Mais quelle est cette force que nous célébrons aujourd’hui ? Est-ce celle de la femme longtemps reléguée à l’ombre de l’homme, ou bien celle qui a émergé de son refus des schémas préétablis qui l’ont cantonnée à des rôles qui ne lui correspondent pas ?
Les femmes ne se contentent plus d’attendre les opportunités, elles les créent. De l’aviation aux tribunaux, des laboratoires scientifiques aux sphères politiques, une nouvelle vague d’émancipation est en marche. Mais l’enjeu ne réside pas seulement dans leur accès à ces domaines, il s’agit aussi de les redéfinir à travers leur propre vision. L’objectif n’est plus d’imiter un modèle masculin, mais d’inventer un modèle qui reflète leur identité : une force qui mêle puissance et bienveillance, ambition et attention, indépendance et coopération.
Malgré ces avancées, les femmes doivent encore fournir deux fois plus d’efforts que les hommes pour obtenir la même reconnaissance. Les obstacles sociaux et professionnels freinent encore leur progression et transforment chaque étape de leur ascension en un véritable combat. Alors qu’on attend d’elles qu’elles soient capables de tout, leur valeur n’est pas toujours reconnue à sa juste mesure.
La Journée internationale des femmes ne doit pas se limiter à des slogans sur l’égalité, mais plutôt ouvrir la voie à des interrogations essentielles : accordons-nous réellement aux femmes la place qu’elles méritent ? Les voyons-nous comme des êtres aux multiples facettes, ou les réduisons-nous encore à des rôles stéréotypés ? Sommes-nous prêts à déconstruire les structures sociales qui les ont maintenues dans des positions subalternes, même lorsqu’elles occupent des postes de pouvoir ?
Redéfinir la force féminine, c’est aller au-delà de l’image traditionnelle imposée aux femmes. La force ne se mesure pas au volume de la voix, mais à la capacité de faire des choix selon ses propres convictions, d’imposer ses décisions dans un monde en perpétuel mouvement. Elle ne réside pas uniquement dans l’atteinte du sommet, mais aussi dans la destruction des barrières invisibles érigées par des attentes séculaires.
Célébrer la femme, c’est aussi repenser les notions de liberté, de force, d’indépendance et même d’amour. Il ne s’agit pas de la réduire à un rôle fonctionnel dans la société, mais de la reconnaître dans toute son humanité, avec sa puissance et ses vulnérabilités, ses sacrifices et ses rêves inépuisables.
La Journée internationale des femmes ne doit pas être qu’un simple symbole, mais un appel sincère à voir les femmes telles qu’elles sont : des bâtisseuses de l’histoire, des porteuses d’espoir et des leaders du changement dans un monde qui a besoin d’une nouvelle forme de puissance. Une puissance qui ne naît ni de la rivalité ni du conflit, mais d’une alliance continue entre la femme et elle-même, ainsi qu’entre elle et la société tout entière.
