La Nuit de la Déchirure Èternelle

 “L’histoire est vraie et écrite en  collaboration entre le Dr. Rahim Faïq  Dekhissi et la journaliste Nasira Benioual”

      Troisième partie

  La Nuit de la Déchirure Inoubliable

 À six heures du matin, un cri mécanique déchira le voile d’un silence lourd. Le téléphone, implacable messager des présages sombres, sonnait avec insistance, ébranlant les murs de l’aube.   Ce son aigu, presque cruel, m’arracha d’un sommeil fragile, et une certitude glaciale m’étreignit aussitôt, comme une ombre familière.

 Avant même de saisir le combiné, une voix sourde jaillit de mon âme, une sentence silencieuse : « Je le savais ! » Mes mains, trahies par un tremblement incontrôlable, peinaient à obéir, tandis que mes yeux, alourdis de larmes naissantes, se brouillaient.

 De l’autre côté, la voix brisée d’Andrée, étouffée par les larmes, s’éleva dans un souffle : « Naïm… un accident… en plein centre-ville… à une heure trente du matin… » Chaque mot tombait comme une pierre dans un puits sans fond, fracassant mon cœur déjà fragile.

 Je m’élançai hors de la maison, emporté par un mélange furieux d’espoir désespéré et de terreur muette. La route menant à l’hôpital de Lunéville se transformait en un labyrinthe d’angoisse, où chaque battement de mon cœur résonnait comme le glas d’une église funéraire.

 À mon arrivée, l’atmosphère me parut irréelle. Rien ne bougeait. Pas d’effervescence, pas d’urgence. Juste un silence oppressant, presque irrévérencieux face à mon tourment intérieur.

 À l’accueil, l’infirmière m’accueillit d’un regard perplexe, empreint d’un calme presque cruel : « Aucun blessé n’a été admis cette nuit, monsieur. »

 Je restai figé, comme si ses mots avaient figé le temps. J’insistai, suppliant presque, mais elle secoua doucement la tête. Sa réponse était définitive, un couperet tombant avec froideur.

 Et soudain, la vérité éclata, implacable. Une vérité brutale, si lourde qu’elle me broya sur place. Mon pressentiment, ce murmure glacial qui m’avait accompagné depuis le début, trouvait sa confirmation dans une douleur indescriptible.

 Mes jambes vacillèrent, sur le point de céder, mais une force obscure et inexplicable me retint. Je ne pouvais pas m’effondrer. Pas encore. Pas maintenant. Il me fallait continuer, affronter cette nuit, affronter la déchirure. Mon cœur, meurtri à jamais, cherchait encore dans l’obscurité un éclat, une étoile perdue, un fragment de lumière pour survivre à l’insupportable.

                 À suivre…..