La violence en milieu éducatif au Maroc : un phénomène préoccupant nécessitant une intervention urgente

      Rédigé par Nasira Benioual/presse Ardbladi 

     Première partie

    État des lieux de la violence dans le milieu éducatif marocain

  Les cas emblématiques qui ont marqué l’opinion publique

La violence en milieu éducatif au Maroc a connu plusieurs cas emblématiques qui ont profondément marqué l’opinion publique ces dernières années. Ces incidents, largement médiatisés, ont mis en lumière l’ampleur et la gravité d’un phénomène qui ne cesse de prendre de l’importance.

Le cas le plus récent, et sans doute le plus tragique, est celui de l’enseignante de français d’Erfoud, décédée en avril 2025. Cette professeure, qui exerçait dans un institut de formation professionnelle, a été sauvagement agressée le 27 mars 2025 par l’un de ses étudiants, âgé de 21 ans. L’agression s’est déroulée en pleine rue, à la vue de tous, et a été filmée par des passants à l’aide de leurs téléphones portables. Malgré son transfert rapide à l’hôpital universitaire Hassan II de Fès, où elle a été placée en soins intensifs, l’enseignante a succombé à ses blessures le 13 avril 2025. Ce drame a provoqué une onde de choc nationale et ravivé le débat sur la protection des enseignants et la montée de la violence dans le milieu éducatif.

Un autre cas, qui avait déjà secoué la conscience collective, est celui de la jeune Salma, élève agressée à Marrakech en décembre 2022. Cette adolescente a été victime d’une attaque particulièrement violente de la part de ses camarades de classe, qui ont utilisé une lame de rasoir pour la blesser. Ces blessures ont entraîné une invalidité permanente, laissant des séquelles physiques et psychologiques irréversibles. L’affaire avait alors suscité une vague d’indignation nationale et mis en évidence la problématique du harcèlement scolaire et de la violence entre élèves.

Ces deux cas, bien que différents dans leur nature – l’un impliquant un étudiant agressant son enseignante, l’autre des élèves s’en prenant à une camarade – illustrent une même réalité : la violence éducative a franchi un seuil critique au Maroc. Elle ne se limite plus à des altercations verbales ou à des incidents mineurs, mais prend des formes extrêmes, pouvant aller jusqu’à causer des blessures graves, voire la mort.

D’autres cas, moins médiatisés mais tout aussi préoccupants, sont régulièrement rapportés dans différentes régions du pays : enseignants humiliés ou agressés par des élèves ou leurs parents, élèves victimes de châtiments corporels, harcèlement menant à des tentatives de suicide… La multiplication de ces incidents témoigne d’une détérioration du climat scolaire et d’une normalisation inquiétante de la violence comme mode d’interaction au sein des établissements éducatifs.

Ce qui est particulièrement alarmant, c’est que cette violence ne reste plus confinée à l’enceinte des établissements scolaires. Elle déborde désormais dans l’espace public, comme le montre le cas de l’enseignante d’Erfoud, agressée dans la rue. Cette extension spatiale de la violence éducative traduit une rupture profonde du pacte de respect qui devrait unir les différents acteurs de la communauté éducative, et pose la question de la sécurité des enseignants, même en dehors de leur lieu de travail.

Ces cas emblématiques ne sont que la partie visible d’un iceberg bien plus vaste, comme le révèlent les statistiques et les études sur le sujet. Ils appellent à une prise de conscience collective et à des mesures urgentes pour endiguer ce phénomène avant qu’il ne prenne des proportions encore plus dramatiques.

                À suivre