“L’histoire est vraie et écrite en collaboration entre le Dr. Rahim Faïq Dekhissi et la journaliste Nasira Benioual.”
Un Hommage à la mémoire
Sixième partie
Le Jardin de la Paix Éternelle
Ils étaient là, alignés dans une immobilité digne, les uniformes impeccablement ajustés, portant dans leur regard une tristesse voilée de respect. Ses camarades, venus d’Allemagne, avaient traversé des frontières et des océans pour honorer une dernière fois celui qu’ils considéraient comme un frère. Mon fils. Ce jeune homme à l’âme lumineuse, dont l’humanité et la grandeur de cœur avaient laissé une empreinte indélébile sur tous ceux qui avaient croisé sa route.
Un adieu dans la dignité et l’unité
Fidèles à nos traditions et à notre foi, nous avions organisé ses funérailles dans l’urgence imposée par les préceptes de l’islam. Mais aucune préparation, aucune prière, aucun mot ne pouvait alléger le poids de cette perte. Devant la morgue, une foule silencieuse s’était rassemblée, comme pour tisser un tapis d’amour et de respect sur son dernier chemin. La procession, longue et émouvante, avançait lentement vers le cimetière, chaque pas résonnant d’un mélange de douleur et de dignité.
’L Imam, visage grave mais apaisant, récita la prière funéraire avec une voix qui semblait résonner au-delà de cette terre. Les mots sacrés du Coran enveloppaient l’assemblée, suspendant le temps, comme si les cieux eux-mêmes s’ouvraient pour accueillir une âme si pure. Quand le silence s’installa, il était lourd de sens, plus éloquent que tout discours.
Son cercueil, humble mais porteur d’histoires, était drapé de trois symboles. Le drapeau tricolore de la France, qui saluait son engagement militaire et son service pour une nation qu’il respectait profondément. Le drapeau marocain, vibrant hommage à ses racines et à cette terre qui coulait dans ses veines comme un écho ancestral. Et enfin, une image de Che Guevara, incarnation de ses idéaux de justice et de sa révolte face aux inégalités du monde.
La mémoire éternelle d’une âme lumineuse
À l’entrée du cimetière, une foule dense attendait. Parents, amis, camarades d’armes, et même de parfaits inconnus, réunis dans une communion d’émotions. Chacun portait sur son visage une gravité respectueuse, comme pour témoigner de la lumière qu’il avait diffusée tout au long de sa vie, aussi brève fut-elle.
Les voix des militaires s’élevèrent alors dans un chant vibrant, chaque note résonnant comme un écho au courage et au dévouement de mon fils. Puis vint la « Sonnerie aux morts ». Ce moment, à la fois majestueux et déchirant, suspendit le souffle de l’univers. C’était un instant figé, une fracture dans le temps où douleur et fierté s’enlaçaient comme deux âmes inséparables.
Et enfin, dans un geste aussi inattendu que poignant, les femmes de l’assemblée poussèrent des youyous éclatants. Ces cris perçants, empreints de joie et de mélancolie, résonnaient comme une célébration, un mariage symbolique pour un homme parti trop tôt, avant d’avoir connu les promesses d’un foyer. Ils rendaient hommage à sa jeunesse envolée, à ses rêves inachevés, mais aussi à l’héritage lumineux qu’il laissait derrière lui.
Malgré les centaines de témoignages et de courriers de condoléances reçus, émanant de personnalités importantes, de ministres, de camarades militaires, et d’amis proches, rien ne pouvait apaiser la douleur. Chaque mot de soutien, chaque geste d’affection était précieux et nous réchauffait le cœur, mais la perte d’un fils reste une épreuve insoutenable, une blessure profonde qui marque à jamais.
C’est une tragédie qui a frappé notre famille en plein cœur, nous laissant face à l’absence irremplaçable d’un être qui illuminait nos vies. L’amour et l’honneur qu’il a inspirés vivront éternellement, mais l’absence, elle, est une ombre qui ne s’efface jamais.
À suivre